NADEGE BERAUD KAUFFMANN

HISTOIRE

Pétain : de Vichy à Sigmaringen

 

Nous célébrons le quatre-vingtième anniversaire de la capitulation allemande, actée à Berlin le 8 mai 1945.
Quelques jours avant le 26 avril 1945, le Maréchal Pétain, 89 ans, est arrêté, à sa demande, à la frontière franco-suisse, à Valorbe, d’où il est conduit à Paris sous la garde des hommes du gouverneur de Paris, le général Koenig. Malgré la protection de 150 soldats, le train dans lequel il se trouve est caillassé à Pontarlier (Doubs). Il est incarcéré au fort de Montrouge, dans l’Essonne, durant deux mois avant que ne débute son procès au Palais de justice de Paris. Des journalistes du monde entier sont présents. Après un mois d’audience, reconnu coupable d’attentat contre la sécurité intérieure de l’État et d’intelligence avec l’ennemi, il est condamné à la peine de mort, à la dégradation nationale, ainsi qu’à la confiscation de tous ses biens. Le général de Gaulle commue sa peine en détention à perpétuité. Il est incarcéré quelques semaines au fort du Portalet (Pyrénées-Atlantiques), avant de rejoindre le Fort de Pierre-Levée de l’Île d’Yeu (Vendée), où il mourra en détention le 23 juillet 1951.

Mais qu’a-t-il fait entre le 19 août 1944, date de l’ordre de retraite lancé par Hitler, et ce jour d’avril 1945 où il est appréhendé par des soldats français à la frontière franco-suisse ?

 

 

Portrait du Maréchal Pétain à l'Arc de Triomphe, 1923, Agence photographique Rol

Le « gouvernement en exil », de Vichy à Belfort
En août 1944, les Alliés ont déjà libéré la Corse et sont en passe de gagner la Bataille de Normandie, qui a débuté le 6 juin avec le débarquement. Ils parviennent à Paris le 25. Le second front ouvert en Provence après le débarquement sur les côtes françaises, le 15 août, permet aux Alliés de remonter la Vallée du Rhône et de repousser progressivement les Allemands vers le nord. Le 20 août, alors que débute la bataille de Toulon, ils sont dans le même temps parvenus à Gap (Hautes-Alpes). 
Le vent tourne pour le Maréchal Pétain, qui s’était octroyé le titre de chef de l’État français en juillet 1940. Il le sait : après son voyage à Paris et en Province dans les villes touchées par les bombardements alliés, qui se termine le jour du Débarquement en Normandie le 6 juin, à Saint-Étienne, il rentre à Vichy. Depuis l’Hôtel du Parc où il réside, il adressera au moins deux messages aux Français, l’un le 14 juillet et l’autre le 20 août, pour les assurer avoir fait son possible pour les protéger durant ces quatre années passées. Cet argument sera son axe de défense principal lors de son procès en 1945.
Le 17 août, Pierre Laval, figure centrale de la Collaboration et chef du gouvernement, réunit cinq ministres à Paris pour un conseil, qui sera le dernier. Il souhaite, avec l’accord des Allemands, écarter Pétain et se voir remettre les pleins pouvoirs, afin dit-il, d’empêcher l’accession au pouvoir du général de Gaulle et des Communistes. Les protestations des autres collaborationnistes de la première heure, et notamment de Marcel Déat, ministre du travail, et de Fernand de Brinon, secrétaire d’État et seul représentant officiel du gouvernement à Paris, font changer d’avis aux Allemands. 
Le 19 août, Hitler ordonne la retraite de son armée. Le 20 août, alors que le général de Gaulle atterrit à Maupertuis (Manche), Laval et Pétain  sont emmenés à Belfort, contre leur gré, dans les bâtiments de la Préfecture. Les Allemands veulent en effet garder un gouvernement à leur solde, au cas où ils parviendraient à reconquérir une partie de la France. 
Entre le 23 août et le 1er septembre, des figures majeures de la Collaboration se rendent au QG d’Hitler en Allemagne, au Kehlsteinhaus non loin de sa résidence secondaire du Berghof. Parmi eux, Déat, mais aussi Joseph Darnand, chef de la Milice, Jacques Doriot, créateur du Parti Populaire Français apprécié des Allemands et Paul Marion, responsable de la propagande vivhyste et représentant de Laval qui a refusé de venir. Ils rencontrent d’abord le général Von Ribbentrop, ministre des Affaires Étrangères du Reich, puis Hitler en personne. Ils s’accordent sur la composition d’un futur gouvernement français dont Doriot prendra la tête. Pétain, même s’il manifeste également son opposition à cette organisation, n’a pour autant pas démissionné. Les Allemands ont besoin de lui : il légitime le système d’occupation passé et ce gouvernement français à venir. Deux semaines après, ils l’emmènent à Sigmaringen.

À gauche: La ville et le château de Sigmaringen dans les années 1930. © Karl Heinrich Lämmel / United Archives/Lämmel / mauritius images

À droite: Une vue générale du château des Hohenzollern depuis les rives du Danube à Sigmaringen en Allemagne, le 23 avril 1945 - C'est là que fut détenu le Maréchal Pétain et d'autres collaborateurs du gouvernement de Vichy ©Getty - Maurice EDE/Gamma-Keyston

La vie de château à Sigmaringen
Après avoir chassé les princes Hohenzollern de leur château de Sigmaringen, cette vaste demeure, surplombant le Danube dans le Bade-Wurtemberg (Sud de l'Allemagne), accueille dès le 8 septembre ce qui est considéré comme le gouvernement de Vichy en exil. 
Sigmaringen, une ville située dans le sud de l’Allemagne, dans le land de Bade-Wurtenberg où les derniers collaborateurs vichystes en déroute se replient dès le mois de septembre 1944, et organisent un « gouvernement », sous la protection du Reich. Pétain, emmené contre son gré, va refuser de participer à ce gouvernement qu’il estime fantoche, et qui a pompeusement été baptisé Commission gouvernementale de Sigmaringen, ou Délégation gouvernementale française pour la défense des intérêts français en Allemagne, puis Commission gouvernementale française pour la défense des intérêts nationaux.
Une véritable micro-société française se forme dans cette petite ville de 20 000 habitants. 
Le château, considéré comme une enclave française, se voit conférer un statut extra territorial, comme une ambassade. Sigmaringen devient la capitale de la France, où Pétain est encore chef d’État. Il dispose du septième étage pour lui et sa suite. Mais il vit à l’écart, refusant d’être mêlé aux autres collaborationnistes et à ce gouvernement de fiction. Il lui est permis de se promener dans le parc l’après-midi, discrètement escorté par des hommes de la Gestapo. 
Laval occupe l’étage du dessous. Lui aussi reste à l’écart. Il ne cesse de manifester sa colère contre les Allemands et passe son temps à préparer sa défense. 
L’étage actif est celui des chefs collaborationnistes membres du gouvernement. C’est Von Ribbentrop qui a imaginé opposer un « gouvernement légal » au Gouvernement Provisoire de la République Française du général de Gaulle. Il place à sa tête Fernand de Brinon, assisté de Joseph Darnand, secrétaire d'État à l'Intérieur, Marcel Déat, ministre du Travail, Eugène Bridoux, commissaire aux prisonniers de guerre et le journaliste et patron de presse Jean Luchaire, commissaire à l'Information. De Brinon, prend très au sérieux, son rôle de chef de gouvernement en exil. Il projette de créer des maquis et de former des agents de renseignement. Il se considère à la tête d’un État fictif, composé des Français présents en Allemagne : les prisonniers de guerre, qui sont plus d’un million, et les hommes du Service du Travail Obligatoire (STO). Les visiteurs souhaitant accéder au château doivent présenter une pièce d’identité, puisqu’ils pénètrent en territoire français. Deux ambassades sont par ailleurs installées, l’une pour l’Allemagne, l’autre pour le Japon, ainsi qu’un consulat italien, qui apportent une caution diplomatique à ce petit État français.

La vie s’organise dans la petite ville allemande : à la suite d’un appel de Darnand à la radio mi-septembre, de nombreux miliciens les rejoignent. Le chiffre de 2 000 familles est avancé par certains. Afin de loger tout ce petit monde, les Allemands réquisitionnent des bâtiments, des immeubles de particuliers, des cafés et restaurants, et installent les membres des ambassades et des intellectuels dans les hôtels du centre-ville ou chez l’habitant. Les hommes en arme sont casernés à l’entrée de la ville, dans les bâtiments occupés jusque-là par les Jeunesses Hitlériennes. Des habitants de Sigmaringen avoueront plus tard avoir craint ces miliciens, dont la réputation de violence, connue également Outre-Rhin, n’était plus à faire.  

L’homme de lettres et médecin Louis-Ferdinand Céline, qui fait partie des jusqu’au-boutistes défenseurs du Reich, arrivé en novembre, est logé à l’Hôtel Löwen, où il reçoit des patients sous son véritable nom, le docteur Destouches. L'auteur de "Voyage au bout de la nuit", paru en 1932, et de plusieurs pamphlets antisémites, relate cette période dans un ouvrage « D’un château l’autre », paru en 1957, dans lequel il évoque ironiquement « Siegmaringen », Sieg signifiant victoire, et étant également utilisé pour le salut nazi dans l’expression « Sieg Heil ». Dans ce roman historique, Céline tourne en dérision les restes de la collaboration française, aux abois.

La « Commission française »
À quoi les membres de ce gouvernement occupent-ils leur journée ? 
Le commissaire à l’information Luchaire est très actif. Il vit au château notamment avec sa fille Corinne, actrice devenue sa secrétaire, et dispose de beaucoup de moyens fournis par le diplomate Otto Abetz, et de personnels pour animer sa radio, « Radio-Patrie » que relaie Radio-Stuttgart, et son journal « La France ». Prenant pour modèle les opérations clandestines de la Résistance et les messages distillés à la BBC, la radio anglaise, elle va bientôt diffuser des émissions à destination d’agents parachutés dans le cadre d’une opération baptisée « Maquis blanc » et lancée sur la France. 
Le but de cette opération est de mettre en place des maquis formés d’ex-miliciens pour lutter contre les Alliés, le gouvernement provisoire du général de Gaulle, et surtout contre les Communistes. 
Sa mise en œuvre consiste à envoyer des agents de terrain derrière les lignes de front, formés auparavant par la RSHA – Reichssicherheitshauptamt, le service de renseignement qui a succédé à l’Abwehr, dissoute en février 1944. Ces saboteurs, opérateurs-radio ou agents de renseignements, ne seront finalement que peu nombreux à être parachutés entre la fin de l’année 1944 et le début de 1945. D’après l’historien Max Gallo : « parfois une quinzaine d’agents (qui) traversent les lignes chaque semaine » durant cette période. « Ils émettent quelques messages concernant des renseignements sans importance ». Malgré tout, l’opération nécessite une importante organisation pour la formation des agents et leur transport derrière les lignes de front. Les organes mis en place pour Maquis Blanc sont dirigés par des Français collaborateurs placés sous le contrôle d’officiers SS. Une section de sabotage est créée, nommée Organisation Technique (OT), avec à sa tête le français Jean Filiol, le fondateur en 1935 de la Cagoule, organisation politique et militaire clandestine d’extrême-droite. Sa mission alors consiste à former des agents français qui seront parachutés derrière les lignes ennemies, et qui pourront ramener des renseignements sur les mouvements des troupes, perturber le ravitaillement par du sabotage, constituer des maquis et pourquoi pas, convaincre les Alliés de s’unir aux Allemands afin de lutter contre les Communistes. Le QG de Filiol est installé à Krauchenwies près de Sigmaringen, et trois centres d’entraînement sont créés : l’OT-1 à Wald non loin de Sigmaringen pour l’entraînement aux techniques de renseignement, l’OT-2 à Hausen près de Francfort-sur-le-Main pour l’enseignement du sabotage et enfin l’OT-3 basé à Wiesbaden à l’ouest de Francfort-sur-le-Main pour la formation des futurs opérateurs-radio. Une centaine d’hommes y seront formés. Le secret de leur mission devant être préservé, ils vivent à part des autres français tout en étant considérés comme des agents d’élite, dont Céline brossera des portraits éloquents dans ses ouvrages après-guerre.  
L’opération Maquis Blanc bénéficie d’un support aérien, afin d’acheminer les hommes en France : le Kampfgeschwader 200 (KG 200) est une unité de bombardiers de la Luftwaffe, créée pour des opérations spéciales telles que des vols de reconnaissance longue distance, des tests sur des nouveaux appareils et l’exploitation d’avions capturés. Les équipages utilisent des avions allemands, Ju 290, Ju 188, He 115 (pour le ravitaillement via l’Atlantique de St Nazaire et La Rochelle) … mais aussi des LeO H.246.1, des B-17 et B-24 capturés aux Alliés et repeints aux couleurs allemandes (voir https://www.laguerretombeeduciel.fr/parachutistes.SB.htm pour ces parachutages d’agents en Rhône-Alpes). 

La présence des principaux officiers collaborateurs français à Sigmaringen est attestée en France en décembre 1944, notamment grâce au témoignage d'un jjournaliste allemand en fuite (voir document ci-contre).

Ce dernier confirme l'existence d'une Commission gouvernementale française, ainsi que le statut de prisonnier de Laval et de Pétain. Il rapporte également des tensions entre Darnand et Doriot. 

(Extrait du journal Libération du 18 décembre 1944)

Après l’espoir fou, le temps des désillusions 
L’idée d’instaurer un fascisme à la française va échouer en Allemagne.
Le 9 novembre 1944 on apprend Outre-Rhin la mort du journaliste Georges Suarez, condamnée en octobre, qui dirigeait le journal pro-allemand ''Aujourd'hui''. Pourtant, on espère encore la division entre gaullistes et communistes, on rêve d'une coalition avec les nazis contre les soviétiques. On imagine une nouvelle arme du Reich. Ces idées sont confortées notamment après le 16 décembre 1944, jour où les Allemands ont lancé une grande contre-offensive dans les Ardennes. Mais c’est finalement un échec ; après avoir essuyé de lourdes pertes, l’armée américaine repousse les Allemands à la fin du mois de janvier 1945. 
Le 6 février 1945, c’est l’exécution du journaliste et homme de lettres Robert Brasillach, rédacteur en chef de « Je suis partout ». 
Le coup de grâce se produit le le 22 février. Doriot, pressenti futur chef de l’État français reconquis, est mitraillé dans sa voiture, près de Sigmaringen, par deux avions non identifiés. Il est inhumé le 26, à Mengen, où se trouvent collaborateurs français et officiels allemands. Tous ont peur et leurs espoirs d’un retour triomphal en France s’effondrent, d’autant que les Alliés ne cessent de progresser dans leur reconquête. C’est le début de la débandade de cet État dérisoire. Le 18 mars, Céline obtient son visa pour le Danemark et prend à nouveau la fuite. Le 31 mars, le général français de Lattre de Tassigny et ses troupes franchissent le Rhin. 

Pétain craint d'être accusé, dit-il, d'avoir « cherché refuge en terre étrangère pour me soustraire à mes responsabilités ». Le 5 avril 1945, il écrit une lettre à Hitler, dans laquelle il demande à être renvoyé en France. Il vient d’apprendre qu’un procès va être instruit contre lui et il souhaite y prendre part afin de répondre de ses actes. Mais il n’obtient aucune réponse. 
Le 11 avril, Darnand rejoint une poignée de miliciens dans les Alpes. Le 18 avril, à la suite de responsables allemands, près d’un millier de Français quittent précipitamment la ville. 
Le 20 avril, la situation devient intenable à Sigmaringen. On entend les bombardements, et notamment à Ulm. Les Alliés arrivent, il faut partir. Pétain est évacué dès le lendemain par la Gestapo, vers Wagen, avant d’atteindre le château de Zeil. Il refuse de fuir et réclame à nouveau d’être renvoyé en France, mais il est finalement conduit en Suisse qui accepte de l’accueillir sur son sol. Nous sommes le 24 avril, jour de ses quatre-vingt-neuf ans. Des habitants de Sainte-Marguerite le reçoivent avec des cadeaux. Le 26 avril, Philippe Pétain se rend à la frontière franco-suisse à Vallorbe, où il se rend aux autorités françaises.

Les autres ont fui : de Brinon se réfugie dans les environs d’Innsbruck, en Autriche, et d’autres collaborationnistes français trouvent refuge en Italie du Nord. Jean Luchaire, a gagné Merano. 
Sigmaringen est considéré par les Résistants comme la trahison ultime de Pétain. 

L’ « épuration judiciaire »
Le procès historique de l’ancien chef de l’État se déroule ensuite du 23 juillet au 15 août 1945: il est condamné à mort et frappé d'indignité nationale. Sa peine est commuée par De Gaulle en emprisonnement à perpétuité. Il est envoyé sur l'Île d'Yeu (Vendée), incarcéré au fort du Portalet , où il meurt en détention en 1951. 

Le vieux Maréchal depuis le fort du Portalet de l'Île d'Yeu, où il était incarcéré et où il meurt en 1951

Philippe Pétain lors de son procès devant la Haute Cour de justice française, 23 juillet - 15 août 1945

De nombreuses arrestations et procès de collaborationnistes s’ensuivent. 
Le 3 octobre, Darnand a été condamné à mort par la haute cour de justice. Il est fusillé le 10 octobre.
Laval, qui avait déclaré en 1942 « souhaiter la victoire de l’Allemagne », est arrêté. Son procès se déroule du 4 au 9 octobre 1945. L’ancien avocat est finalement condamné à mort pour « haute trahison et complot contre la sûreté intérieur de l’État », et exécuté le 15.
Luchaire, finalement arrêté et jugé, est exécuté le 22 février 1946. 
Brinon également, le 15 avril 1947.
Déat, en revanche, trouve réfuge dans un couvent en Italie, où il meurt de vieillesse en 1955.

D’après les enquêtes de l’Institut d’Histoire du Temps Présent (IHTP), entre 1944 et 1951, environ 1 500 condamnations à mort sont prononcées par la Haute Cour de justice et les cours de justice (791 ou 767 suivant les enquêtes) et par les cours martiales (769 pour 77 départements selon l’IHTP). Environ dix mille condamnations à la dégradation nationale sont prononcées.
Dès la Libération de la France, l’ « épuration extra-judiciaire », conséquence de la vindicte populaire, avait déjà causé l’exécution de plusieurs milliers de personnes.

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Sources 
Texte dactylographié conservé en deux feuillets au Musée de la Libération de Paris, n° d’inventaire : 1996.262

Procès
https://www.youtube.com/watch?v=6ma9FQvIAAQ 
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/afe86003280/l-heure-du-chatiment-proces-darnand-et-laval  

Documentaires
« Sigmaringen », Rachel Kahn et Laurent Perrin, 1996
Docu-fiction
« Sigmaringen, le dernier refuge », Serge Moati, 2017